Excellente adaptation d’un conte persan de l’oeuvre majeure de Rûmî, poète du XIIIe siècle. Un marchand possède, dans une cage, un beau perroquet qu’il chérit autant que femme et enfants. Partant pour l’Inde, le marchand demande à chacun quel cadeau lui ramener. Le souhait du perroquet : transmettre de ses nouvelles à ses frères et les saluer. Mission accomplie par le marchand, mais l’un des perroquets de la forêt s’écrase alors à ses pieds. De retour, il raconte la scène, gêné. Message compris par son perroquet qui en fait autant, et obtient sa liberté : le croyant mort, le marchand l’a libéré. Le texte simple, agréable à lire à haute voix, est servi par un format tout en hauteur, une illustration gaie et pleine d’humour par sa façon de croquer la vie du riche marchand, son installation pour accéder à la cage, etc. Elle contribue de façon ludique au message philosophique : le fond blanc dominant campe le dénuement du perroquet emprisonné tandis que les scènes dans la forêt indienne se déploient sur des doubles-pages foisonnantes de couleurs. Quel contraste aussi entre les enfants pleins de vie et l’oiseau dans sa cage, pourtant immense. Un conte de sagesse pour faire rimer amour et liberté. (Voir aussi Uri Shulevitz, Quand l’oiseau Lou raconte des histoires à dormir debout).